Histoire

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Histoire de l'abbaye du Bec-Hellouin

Connaissez-vous l’Abbaye du Bec-Hellouin ? Située en Normandie, entre Rouen et Lisieux, elle impressionne par son architecture imposante. Laissez-vous porter par l’histoire saisissante que livrent les pierres anciennes de cette abbaye bénédictine…

L’Abbaye du Bec-Hellouin, un joyau du XIᵉ siècle

La naissance de l’Abbaye et l’essor de l’École du Bec

Le saviez-vous ? L’Abbaye du Bec-Hellouin hérite son nom du petit ruisseau attenant, le Bec, et de son fondateur, le chevalier Herluin. Au XIe siècle, celui-ci se retire de la cour du duc Robert Ier de Normandie et s’installe sur ses terres, à Bonneville-Aptot. Soudainement frappé par la dévotion, il entreprend la construction d’un monastère et réunit des fidèles.

L’Abbaye du Bec-Hellouin est d’abord connue pour son école monastique. En 1045, l’érudit italien Lanfranc de Pavie, futur archevêque de Cantorbéry, s’y installe et fonde l’École du Bec. Il est rejoint en 1078 par Anselme d’Aoste, qui contribue par son savoir à l’excellente réputation du lieu.

À partir du XIIe siècle, l’École du Bec rencontre un grand succès ! Elle reçoit de nombreuses donations et s’enrichit considérablement. Les plus grands savants viennent y étudier, tels que Robert de Torigny, abbé du Mont-Saint-Michel, ou encore le futur pape Alexandre II. Mais à la fin du XIIe siècle, avec le départ des fondateurs et l’essor des écoles urbaines, elle perd progressivement son attractivité.

Bâtiments conventuels et cloitre d’une abbaye bénédictine
Vue sur les bâtiments conventuels et le cloître depuis la tour Saint-Nicolas

© Caroline Rose / Centre des monuments nationaux

L’Abbaye, du Moyen Âge à la Révolution

Sous l’influence des intempéries et des guerres, l’architecture initiale de l’Abbaye du Bec-Hellouin se modifie fortement. Malgré les fortifications construites en 1358, elle n’échappe pas aux ravages de la guerre de Cent Ans. Elle est en partie pillée et détruite par les Anglais en 1418. À partir de 1450, l'abbé Geoffroy d’Epaignes entreprend d’importants travaux de rénovation. C’est à lui que nous devons l’imposante tour Saint-Nicolas qui domine l’abbaye !

Au XVIIe siècle, la congrégation bénédictine de Saint-Maur sauve l’Abbaye du régime de la commende  . Elle s’attèle à la reconstruction du cloître, de l'hôtellerie, de l'infirmerie et du dortoir. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, le logis abbatial et le réfectoire sont aussi rénovés.

Mais à la Révolution française, les bâtiments sont mis à sac et dégradés. En 1790, les derniers moines sont expulsés et l’Abbaye se transforme alors en caserne de cavalerie.

Tour gothique d’une abbaye bénédictine
La tour Saint-Nicolas, datant du VXe siècle

© Caroline Rose / Centre des monuments nationaux

Le retour à la vie monastique

Que reste-t-il de ce lieu chéri par Herluin, Lanfranc, et Anselme ? En 1945, l’Abbaye est très mal en point et elle est cédée au service des Monuments Historiques. En 1948, les moines de la Congrégation bénédictine de Mont-Olivet réalisent alors un grand défi : s’installer dans l’Abbaye et réintroduire la vie monastique ! Les conditions de vie sont difficiles : froid hivernal, équipement sommaire, vétusté des pièces…

À partir de 1949, l’état entreprend de larges travaux de rénovation sur la tour Saint-Nicolas, le cloître, et le logis abbatial. En 1959, le corps d’Herluin est solennellement réintroduit dans le chœur de la nouvelle église. Entièrement restaurée, l’Abbaye du Bec-Hellouin est désormais gérée par le Centre des Monuments nationaux.

Et si vous visitiez ce véritable havre de sérénité ? Vous pourrez faire le tour du paisible cloître, admirer la majestueuse Tour Saint-Nicolas, et flâner près des magnifiques bâtiments conventuels à l’architecture mauriste. Ne manquez pas de terminer votre tour par la découverte de la production artisanale de faïences réalisées par les moines.

Logis de l'abbé commendataire
Vue du logis de l'abbé commandataire

© Caroline Rose / Centre des monuments nationaux